ESMC

Séminaire de recherche. Organisé par Vincent Bollenot (Université de Caen, HisTéMé, GROC) et Hugo Mulonnière (Lise, UMR CNAM/CNRS, ANR Métrocolmo, GROC). Avec le soutien de HisTéMé, de l’ANR Métrocolmo, de SIRICE, du GROC.

Le séminaire « Entrer et sortir de la métropole (post)coloniale » propose une exploration des dynamiques des mobilités impériales renouvelée à l’aune des concepts et des méthodes de la socio-histoire^[1]. L’analyse se fonde notamment sur les apports d’une nouvelle histoire impériale^[2] qui met en lumière la construction lente des frontières politiques et militaires des empires^[3], ainsi que leurs justifications intellectuelles^[4]. Ces mêmes travaux ont démontré comment les évolutions techniques de la fin du XIX^e siècle ont facilité les interactions intercontinentales, créant un espace impérial relativement cohérent et interactif^[5]. Ils portent en outre une attention particulière aux circulations inter- et intra-impériales, qui permettent de décentrer la perspective et de considérer des espaces colonisés dotés d’une relative autonomie, indépendamment du fait colonial^[6]. De l’histoire des pèlerinages à La Mecque^[7] à la transportation de détenus algériens aux bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie^[8], l’étude des mobilités Sud-Sud a en effet permis de relativiser la centralité de la métropole impériale.

Intégrant ce cadre impérial, un important champ de recherche se penche sur l’histoire et la sociologie des populations colonisées en France. Les objets privilégiés de cette approche sont l’histoire des contestations anticoloniales^[9], du maintien de l’ordre policier^[10], ou encore des dispositifs administratifs^[11] et urbains^[12] d’encadrement spécifique des individus originaires des territoires coloniaux qui vivent et travaillent en France. L’histoire politique des colonisés en France, bien qu’étudiée dès les années 1970 par des chercheurs et des chercheuses revenant sur les origines politiques et intellectuelles des indépendances^[13], se renouvelle aujourd’hui grâce à une approche tout à la fois d’inspiration postcoloniale et globale, ancrée dans l’histoire sociale^[14]. Au-delà d’une approche sociale^[15] ou culturelle^[16] du politique, cette dynamique a débouché sur des études ancrées dans les questionnements contemporains portant sur les origines coloniales du racisme^[17]. Les travaux sur le panafricanisme^[18] et sur le communisme transnational^[19], apportent une nouvelle compréhension des réseaux transnationaux de la lutte contre l’impérialisme et de la place singulière jouée dans celle-ci par les métropoles d’empires. Cette perspective impériale et l’intérêt pour l’anticolonialisme appliqués aux périodes des guerres d’indépendance a aussi amené des chercheurs et des chercheuses à s’intéresser aux circulations de révolutionnaires colonisés en France, avec un tropisme certain pour le cas algérien^[20].

Ce séminaire entend tout particulièrement s’inscrire dans le vaste champ de la socio-histoire de l’immigration, en s’intéressant tant à la gestion administrative qu’à l’expérience des migrants. Dans une démarche résolument transdisciplinaire et en mobilisant les outils de l’histoire, de la sociologie ou de la science politique, l’un des enjeux est d’observer en contexte (post-)colonial la dialectique entre d’une part la dynamique de production de « communautés imaginées^[21] » pendant la migration, et d’autre part les phénomènes de (re)production juridico-administrative des « frontières de la République^[22] ». L’analyse des modalités pratiques de circulation, et donc de l’administration concrète des mobilités, est essentielle pour comprendre comment les normes régulant les déplacements entre la métropole et le reste de l’empire sont construites, et en quoi elles diffèrent des autres types de circulation. La généalogie de la construction de dispositifs normatifs censés contrôler les vas et vient en provenance de et à destination des territoires sous domination française puis de l’ex-empire est une clef de compréhension majeure de la construction du pouvoir impérial autant que des catégories identificatoires de la nationalité et de ce qui est progressivement (et de façon contestée) constitué comme l’identité nationale française^[23]. D’un autre côté, l’analyse des motivations et des modalités concrètes de mobilité à destination de la métropole impériale est essentielle. Portant les outils sayadiens d’analyse de l’« émigration-immigration^[24] » sur le terrain des interactions entre État et usagers, on se penchera sur les conditions de départ du territoire colonial d’origine, d’arrivée en métropole, ainsi que de sortie et d’éventuel retour (lieux, papiers, intermédiaires, examens médicaux et/ou professionnels, etc.). L’entrée et la sortie de la métropole française seront considérés comme des processus, incluant des moments (la procédure d’autorisation, l’embarquement, le débarquement, le franchissement de la frontière), des lieux (ports, bureaux administratifs, foyers d’accueil, centre de rétention) et des pratiques (la délivrance de papiers, le transport, par exemple).

Plan du Centre d’accueil de Sainte-Livarde en 1956.

L’approche adoptée suppose une ouverture à toutes les catégories d’acteurs et d’actrices en circulation, appréhendées dans leurs spécificités, des multiples catégories de travailleur·euse·s colonisé·e·s aux militant·e·s anticolonialistes, en passant par les étudiant·e·s, sans oublier la grande diversité des acteurs de l’accueil des migrant·e·s. Une attention particulière devra être portée à des catégories fréquemment invisibilisées dans les sources et l’historiographie, à commencer par les femmes^[25], les familles et les enfants colonisé·e·s^[26], dont l’accès à la métropole fait longtemps l’objet de mesures spécifiques.

Pour mener à bien cette exploration, le séminaire se structure autour de plusieurs axes de recherche. Le premier se concentre sur les enjeux administratifs des circulations. En analysant les variations et l’éventail des mécanismes de régulation – qu’ils soient rigides ou lâches – censés régir l’entrée et la sortie en provenance et à destination de l’empire ainsi que leur application, il s’agit de comprendre à la fois la construction de l’action publique en matière d’immigration, aux diverses échelles de l’État, et la mise en œuvre des politiques migratoires en matière d’entrée et de sortie du territoire. On s’intéressera tout particulièrement aux interrelations entre les agent·e·s de terrain (ou de guichet) et les migrant·e·s, outre-mer comme en métropole, en questionnant notamment le caractère discrétionnaire voire arbitraire des décisions prises par ces acteurs. Le décalage entre les normes et les pratiques, souvent relevé par l’historiographie, est-il simplement le symptôme de l’autonomie des agent·e·s de l’administration ? Afin de saisir les modalités de la relation asymétrique qui se joue entre administrateurs et migrant·e·s, il paraît également nécessaire de se pencher sur les trajectoires^[27] de ces agent.e.s de l’empire encore peu connu·e·s, en interrogeant à la fois les déterminants de leur recrutement et de leur(s) éventuelle(s) promotion(s) au sein de leur administration. On s’interrogera notamment sur les ressources mobilisées par ces derniers dans l’exercice de leurs fonctions et, parmi elles, celles qui relèvent spécifiquement de capitaux sociaux et symboliques acquis en territoire colonial^[28].

Un deuxième axe s’intéresse aux mobilités dites « indésirables », englobant aussi bien les mobilités volontairement clandestines de révolutionnaires chevronné·e·s ou les déplacements considérés comme « irréguliers » de migrant·e·s qui n’empruntent pas les voies anticipées par le pouvoir impérial^[29]. D’une part, cette entrée permet d’examiner à nouveaux frais la question de l’interaction entre administrateurs et administré·e·s qui, loin d’être passif·ive·s face au pouvoir, déploient diverses stratégies pour le contourner, le subvertir ou s’y conformer. D’autre part, cette question mène à déconstruire les catégories mêmes de la migration : la régularité et l’irrégularité (ou la « clandestinité »), la légalité et l’illégalité, l’autorisation de séjour ou son refus, ne sont en effet pas des catégories figées dans le temps^[30]. L’échelle impérial apparaît ainsi relativement peu intégrée à l’analyse de la progressive construction de la régularité de séjour des étranger·e·s comme des colonisé·e·s dans l’Hexagone, alors même que celle des étranger·e·s subversif·ve·s dans les territoires sous domination française a été l’objet d’une abondante production normative et d’une historiographie conséquente^[31]. Par l’analyse des enjeux relatifs à l’entrée et à la sortie du territoire métropolitain, on se propose en outre de questionner la manière dont les différents degrés de la supposée « désirabilité » des migrants coloniaux structure leurs conditions de migration^[32]. En ce sens, les dynamiques d’attraction, d’expulsion, de rétention, de marginalisation dessinent les contours de la République souhaitée par les gouvernants et de la République vécue par les migrant·e·s. La notion même d’ « indésirabilité » est elle-même ambivalente : employeurs et acteurs publics ont souvent des visions divergentes de la désirabilité, et les administrations publiques entre elles peuvent aussi avoir des intérêts et des visions concurrentes. Pour les migrant·e·s elleux-mêmes, l’idée de mobilité souhaitée est aussi à explorer : le départ doit-il être compris dans le traditionnel diptyque opposant arrachement douloureux et opportunité économique ?

Le troisième axe est consacré à un nouvel examen des mobilités liées au travail et, plus largement, au désir de subsistance ou de promotion sociale par l’émigration. Si l’immigration de travail constitue une catégorie déconstruite depuis longtemps par les chercheur·euse·s^[33], nombre des spécificités des mobilités liées au travail des migrant·e·s colonisé·e·s restent à explorer. À ce titre, les mobilités impulsées depuis la métropole, par l’État et/ou le patronat, et les motifs spécifiques d’entrée et de sortie du territoire qu’elles génèrent, demeurent encore peu connues. En effet, l’histoire des modalités des entrées individuelles ou collectives de travailleur·euse·s recrutés en territoire colonial, et, entre autres, de leur sélection professionnelle et médicale à leur départ et à l’arrivée, demeurent un angle encore peu étudié qui gagnerait à être exploré, notamment par des approches comparatistes. Se pose également la question, encore peu traitée en histoire^[34], du retour des travailleur·euse·s migrant·e·s, sous toutes ses formes. Du rapatriement des travailleur·euse·s « inaptes » ou malades^[35], ou bien arrivés au terme de leur contrat, en passant par le retour pour une période de congé^[36], sans oublier le retour « définif », toute une histoire de la sortie de métropole – parfois volontaire, parfois plus ou moins contrainte – reste à écrire. De même, les dynamiques individuelles et collectives du refus d’un rapatriement, tout comme les trajectoires des migrant·e·s qui adoptent cette démarche sont à explorer. Plus largement, les spécificités de l’entrée et de la sortie des migrant·e·s coloniaux doivent être pensées pour l’ensemble des catégories attirées d’une façon ou d’une autre par la métropole, en sortant notamment de la vision réductrice du migrant masculin ouvrier d’usine : qu’en est-il, notamment, de l’entrée sur le territoire des entrepreneurs (petits commerçants, cafetiers, hôteliers, restaurateurs^[37]), des touristes ou des artistes colonisé·e·s ? Ce séminaire est par ailleurs une invitation à documenter l’histoire de trajectoires migrantes encore invisibilisées/méconnues : celles des femmes migrantes en premier lieu, épouses, concubines ou célibataires, qualifiées (lettrées, étudiantes, militantes, etc.) ou non (ouvrières, domestiques, prostituées, etc.), rejoignant un homme ou pas. De même, on accordera une attention toute particulière aux migrations des enfants.

Le D’Artagnan chargé de troupes coloniales quitte un port (Marseille?) vers 1940 Photo Collection P. Ramona.

Enfin, un quatrième axe propose une analyse spatiale des entrées et sorties du territoire métropolitain. L’étude des techniques de déplacement^[38], des routes de circulation^[39], voire de la circulation elle-même comme espace physique et social proprement impérial^[40] ont enrichi notre compréhension de la structuration de « l’unité interactive^[41] » impériale. Néanmoins, la dimension pratique et symbolique de l’embarquement et du débarquement en provenance de et à destination des territoires sous domination française restent à travailler. Aux côtés de la question portuaire, héritée de l’histoire maritime^[42], il est possible de mener une histoire urbaine et sociale des mobilités impériales par l’exploration d’un certain nombre de lieux de passage et de vie, notamment au moyen d’approches monographiques[43]. Ainsi, pour appréhender l’expérience des migrant·e·s au ras du sol, les administrations et lieux d’embarquement, de débarquement, les espaces ou « camps » d’ « accueil », « de transit », de « rétention »^[44], dans leurs liens avec les réseaux de transport internationaux ou inter-impériaux^[45], doivent constituer des objets privilégiés. Cette histoire spatiale doit être problématisée à l’aune la question de l’attractivité des territoires d’immigration, qu’il ne faudrait pas réduire à leur seule dimension économique. En effet, il faudra s’interroger sur l’inscription spatiale des acteurs de l’accueil en métropole : famille, parenté élargie, communauté tribale, villageoise et religieuse, acteurs associatifs, etc. La métropole impériale est-elle, paradoxalement, attractive du fait de la relative liberté qu’elle peut offrir à des colonisé·e·s qui chercheraient à fuir la situation coloniale ? De la même manière, dans les recompositions politiques issues des guerres mondiales puis des guerres d’indépendances nationales, la (l’ancienne) métropole coloniale est aussi le lieu de production et d’application d’un discours d’accueil des réfugiés, d’asile, au nom de la défense de valeurs pourtant bafouées par le pouvoir colonial^[46]. Par ailleurs, si l’histoire urbaine de la métropole impériale est un chantier historiographique déjà entamé^[47], la présence de colonisés dans les territoires ruraux de France – certes plus résiduelle – est bien moins étudiée^[48].

^[1] François Buton et Nicolas Mariot, Pratiques et méthodes de la socio-histoire, Paris, Presses Universitaires de France, 2009.

^[2] Jane Burbank et Frederick Cooper, Empires in World History: Power and the Politics of Difference, Princeton, Princeton University Press, 2011 ; et Frederick Cooper et Ann Laura Stoler, Tensions of Empire: Colonial Cultures in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997.

^[3] Hélène Blais, Mirages de la carte. L’invention de l’Algérie coloniale, Paris, Fayard, 2014 ; Marie de Rugy, Aux confins des empires : cartes et constructions territoriales dans le nord de la péninsule Indochinoise, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018.

^[4] Chloé Rosner, Creuser la terre-patrie. Une histoire de l’archéologie en Palestine-Israël, Paris, CNRS éditions, 2023 ; Isabelle Surun, Dévoiler l’Afrique ? Lieux et pratiques de l’exploration (Afrique occidentale, 1780-1880), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018.

^[5] Daniel R. Headrick, The Invisible Weapon: Telecommunications and International Politics, 1851-1945, New York, Oxford University Press, 2012 ; et The Tools of Empire: Technology and European Imperialism in the Nineteenth Century, New York, Oxford University Press, 1981.

^[6] Julien Charnay, « Les Syro-Libanais en Afrique occidentale française des années 1880 à 1939 », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 142, 2017, vol. 142, seconde partie, Études libres ; Pierre Singaravélou, Tianjin Cosmopolis. Une autre histoire de la mondialisation, Paris, Seuil, 2017 ; Damiano Matasci, Miguel Bandeira Jerónimo, « Une histoire transimpériale de l’Afrique : concepts, approches et perspectives », Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique, n° 3, 1-17, 2022.

^[7] Sylvia Chiffoleau, « Le pèlerinage à La Mecque à l’époque coloniale : une expérience médicale autoritaire », in Carine Delanoë-Vieux, Les Conversations de Salerne. Santé e(s)t culture(s) en Méditerranée, Marseille, La Passe du Vent, 2013.

^[8] Linda Amiri, « Exil pénal et circulations forcées dans l’Empire colonial français », L’Année du Maghreb, n° 20, 2019, p. 59‑76 ; Isabelle Merle, « Algérien en Nouvelle-Calédonie : le destin calédonien du déporté Ahmed Ben Mezrag Ben Mokrani », L’Année du Maghreb, n° 20, 2019, p. 263‑281.

^[9] Ahmed Boubeker et Abdellali Hajjat, Histoire politique des immigrations (post) coloniales : France, 1920-2008, Paris, France, Éditions Amsterdam, 2008.

^[10] Emmanuel Blanchard, La police parisienne et les Algériens (1944-1962), Paris, Nouveau monde, 2011.

^[11] Anne-Sophie Bruno, Philippe Rygiel, Alexis Spire et Claire Zalc, « Jugés sur pièces. Le traitement des dossiers de séjour et de travail des étrangers en France (1917-1984) », Population, n° 61, vol. 5‑6, 2006, p. 737‑762 ; Alexis Spire, « Semblables et pourtant différents. La citoyenneté paradoxale des “Français musulmans d’Algérie” en métropole », Genèses, n° 53, vol. 4, 2003, p. 48‑68.

^[12] Marie-Claude Blanc-Chaléard et Muriel Cohen, « Les travailleurs immigrés des bidonvilles de Nanterre et leur retour en Algérie. Une enquête orale dans la région du Souf », Le Mouvement Social, n° 274, vol. 1, 2021, p. 137‑167 ; Victor Collet, Nanterre, du bidonville à la cité, Marseille, Agone, 2019 ; Tyler Stovall, « From Red Belt to Black Belt: Race, Class, and Urban Marginality in Twentieth-Century Paris », L’Esprit Créateur, n° 41, vol. 3, 2001, p. 9‑23.

^[13] Voir par exemple Philippe Dewitte, Les Mouvements nègres en France, 1919-1939, Paris, l’Harmattan, 1985 ; Daniel Hémery, Révolutionnaires vietnamiens et pouvoir colonial en Indochine : communistes, trotskystes, nationalistes à Saigon de 1932 à 1937, Paris, Maspero, 1975.

^[14] C’est le cas de plusieurs des contributions de deux essais de synthèse d’histoire globale récents : Pierre Singaravélou (dir.), Colonisations. Notre histoire, Paris, Seuil, 2023 ; et Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre et Eugénia Palieraki, Une histoire globale des révolutions, Paris, La Découverte, 2023.

^[15] Michael Goebel, Anti-Imperial Metropolis: Interwar Paris and the Seeds of Third World Nationalism, New York, Cambridge University Press, 2015.

^[16] Jennifer Anne Boittin, Colonial Metropolis: The Urban Grounds of Anti-Imperialism and Feminism in Interwar Paris, Lincoln and London, University of Nebraska Press, 2010.

^[17] Sans résumer le débat, voir par exemple Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani, Race et histoire dans les sociétés occidentales, Paris, Albin Michel, 2021 ; et Reza Zia-Ebrahimi, Antisémitisme et islamophobie : une histoire croisée, Paris, Éditions Amsterdam, 2021.

^[18] Hakim Adi, Pan-Africanism: A History, Londres, Bloomsbury Publishing, 2018.

^[19] Holger Weiss, Framing a Radical African Atlantic: African American Agency, West African Intellectuals and the International Trade Union Committee of Negro Workers, Leyde, Brill, 2013. Voir aussi Constance Margain, « The International Union of Seamen and Harbour Workers (ISH) 1930-1937: Interclubs and Transnational Aspects », Twentieth Century Communism, n° 8, 2015, p. 133‑144.

^[20] Voir entre autres Linda Amiri, La bataille de France : La guerre d’Algérie en métropole, Paris, Robert Laffont, 2004 ; Neil MacMaster et Jim House, « La Fédération de France du FLN et l’organisation du 17 octobre 1961 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 83, vol. 3, 2004, p. 145‑160.

^[21] Benedict Anderson, Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, Londres, Verso, 1991.

^[22] Pour paraphraser Mary Dewhurst Lewis, The Boundaries of the Republic: Migrant Rights and the Limits of Universalism in France, Redwood City, Stanford University Press, 2007 ; Abdellali Hajjat, Les frontières de l’identité nationale. L’injonction à l’assimilation en France métropolitaine et coloniale, Paris, La Découverte, 2012.

^[23] À cet égard, la dimension impériale de la nationalité ainsi que de la citoyenneté politique et sociale a parfois été sous-estimée par les principaux travaux sur la question : Gérard Noiriel, Le creuset français : histoire de l’immigration XIX^e-XX^e siècles, Paris, Seuil, 1988. Pour un exemple heuristique d’une perspective semblable, voir Laure Blévis, « La citoyenneté française au miroir de la colonisation : étude des demandes de naturalisation des « sujets français » en Algérie coloniale », Genèses, n° 53, vol. 4, 2003, p. 25‑47 ; Emmanuelle Saada, Les enfants de la colonie. Les métis de l’empire français entre sujétion et citoyenneté, Paris, La Découverte, 2007 ; Alexis Spire, « Semblables et pourtant différents. La citoyenneté paradoxale des “Français musulmans d’Algérie” en métropole », Genèses, n° 53, vol. 4, 2003, p. 48‑68 ; Tyler Stovall, « National Identity and Shifting Imperial Frontiers: Whiteness and the Exclusion of Colonial Labor After World War I », Representations, n° 84, vol. 1, 2003, p. 52‑72 ; Cécile Vidal, « Francité et situation coloniale. Nation, empire et race en Louisiane française (1699-1769) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, n° 64, vol. 5, 2009, p. 1019‑1050 ; Patrick Weil, « Le statut des musulmans en Algérie coloniale. Une nationalité française dénaturée », Histoire de la justice, n° 16, 2005, p. 93‑109 ; Gary Wilder, The French Imperial Nation-State: Negritude and Colonial Humanism between the Two World Wars, Chicago, University of Chicago Press, 2005. Voir également le colloque « Perdre, conserver, retrouver la nationalité de l’ancienne puissance coloniale, perspectives comparatives des années 1945 à nos jours », 18-19 juin 2024, Campus Condorcet et Archives nationales.

^[24] Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, Bruxelles, De Boeck université, 1991.

^[25] On notera la place dominante qu’occupe la question des femmes algériennes dans l’historiographie : Sophia Lamri, « “Algériennes” et mères françaises exemplaires (1945-1962) », Le Mouvement Social, n° 199, vol. 2, 2002, p. 61-81 ; Neil MacMaster, « Des révolutionnaires invisibles : les femmes algériennes et l’organisation de la Section des femmes du FLN en France métropolitaine », Revue d’histoire moderne & contemporaine, n° 59, vol. 4, 2012, p. 164-190 ; Marc Andre, « Algériennes : quelle citoyenneté ? (années 1930-années 1960)‪ », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2016, n° 43, vol. 1, p. 94-116. Voir aussi Pascale Barthélemy, Sororité et colonialisme : Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022. Plus généralement, sur la question des migrations féminines, voir Linda Guerry, « Femmes et genre dans l’histoire de l’immigration. Naissance et cheminement d’un sujet de recherche », Genre & Histoire, n° 5, 2009, [en ligne].

^[26] Thématique qui, elle aussi, a été plus particulièrement traitée dans le cas de la migration algérienne : Mathias Gardet, Mokrane Sifi, « Français musulmans d’Algérie (FMA). Jeunes isolés en métropole dans les années 1950 », in François Lorcerie (dir.), Pratiquer les frontières. Jeunes migrants et descendants de migrants dans l’espace franco-maghrébin, Paris, CNRS Éditions, 2010, p. 97-118 ; Amelia H. Lyons, The Civilizing Mission in the Metropole: Algerian families and the French welfare state during decolonization, Stanford, California, Stanford University Press, 2013 ; Muriel Cohen, Des familles invisibles : les Algériens de France entre intégrations et discriminations, 1945-1985, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020.

^[27] Sur l’articulation entre l’histoire de trajectoires individuelles et structure impériale, voir Sophie Dulucq, François Godicheau, Mathieu Grenet, Sébastien Rozeaux, Modesta Suarez, Au coeur des empires – Destins individuels et logiques impériales, XVI^e-XXI^e siècle, Paris, CNRS éditions, 2023. Voir aussi Sylvain Laurens, Une politisation feutrée. Les hauts fonctionnaires et l’immigration en France, Paris, Belin, 2009 ; « L’immigration : une affaire d’États. Conversion des regards sur les migrations algériennes (1961-1973) », Cultures & Conflits, n° 69, 2008, p. 33‑53.

^[28] Voir notamment le dossier « La colonie rapatriée », Politix, n° 76, 2009.

^[29] Pour un exemple de cette dernière catégorie, voir Jennifer A. Boittin, Undesirable: Passionate Mobility and Women’s Defiance of French Colonial Policing, 1919-1952, Chicago, University of Chicago Press, 2022.

^[30] Philippe Rygiel, Le bon grain et l’ivraie : l’état-nation et les populations immigrées (fin XIX^e-début XX^e siècle sélection des migrants et régulation des stocks de populations étrangères, Paris, ENS Éditions, 2004.

^[31] Gremont Johann, Maintenir l’ordre aux confins de l’Empire, Paris, Hémisphères, 2018.

^[32] Emmanuel Blanchard, « Les “indésirables”. Passé et présent d’une catégorie d’action publique », in GISTI (dir.), Figures de l’étranger. Quelles représentations pour quelles politiques ?, GISTI, 2013, p. 16‑26 ; Delphine Diaz, « Indésirables en métropole, utiles en Algérie ? Les réfugiés politiques étrangers et la colonisation (1830-1852) », Revue d’histoire du XIX^e siècle. Société d’histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIX^e siècle, n° 51, 2015, p. 187‑204 ; Gérard Noiriel, À quoi sert « l’identité nationale », Marseille, Agone, 2007.

^[33] À commencer par Abdelmalek Sayad, « Immigration et “pensée d’État” », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 129, vol. 1, 1999, p. 5‑14. Voir aussi Karen Akoka, L’asile et l’exil : une histoire de la distinction réfugiés/migrants, Paris, la Découverte, 2020.

^[34] Elle l’est en revanche en sociologie, voir par exemple Régis Barbau, « Les programmes d’aide au retour dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile en France », Le sujet dans la cité, n° 1, vol. 1, 2012, p. 10‑23.

^[35] Catherine Omnès, Anne-Sophie Bruno, Robert Frank (dir.), Les mains inutiles : inaptitude au travail et emploi en Europe, Paris, Belin, 2004.

^[36] Thématique récemment abordée par la sociologue Jennifer Bidet dans le cas des enfants issus de l’immigration algérienne : Vacances au bled. La double présence des enfants d’immigrés, Paris, Raisons d’agir, coll. « Cours et travaux », 2021.

^[37] Notons que si ces groupes sociaux restent largement à étudier, leurs établissements, notamment comme lieux de politisation, ont fait l’objet d’une histoire socio-spatiale des plus stimulante. Voir par exemple Erica J. Peters, « Resistance, Rivalries, and Restaurants: Vietnamese Workers in Interwar France », Journal of Vietnamese Studies, n° 2, vol. 1, 2007, p. 109‑143 ; Omar Carlier, « Le café maure : sociabilité masculine et effervescence citoyenne », in François Georgeon, Hélène Desmet-Grégoire (dir.), Cafés d’Orient revisités, Paris, CNRS Éditions, 1997, p. 177‑205. Notons qu’en revanche cette socio histoire existe en ce qui concerne les étranger·e·s : Anne-Sophie Bruno, Claire Zalc (dir.), Petites entreprises et petits entrepreneurs étrangers en France, XIX^e-XX^e siècles, Paris, Éditions Publibook, 2006

^[38] Jürgen Osterhammel, La transformation du monde au XIXème siècle, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2017.

^[39] François Drémeaux, Jean-François Klein, Thomas Vaisset, « Une mise en connexion au monde : paquebots et grandes lignes maritimes (XIXe-XXe siècles) », Revue d’histoire maritime, n° 33, 2023.

^[40] Clément Fabre, Sara Legrandjacques, Marie-Albane de Suremain, « À bord de l’Empire : une histoire impériale des traversées maritimes (XVI^e-XX^e siècle) », journée d’études, Université Paris-Est Créteil le 13 février 2024 ; Marcus Rediker, À bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, Paris, Seuil, 2013.

^[41] Tyler Stovall, « Universalisme, différence et invisibilité. Essai sur la notion de race dans l’histoire de la France contemporaine », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 96‑97, 2005, p. 63‑90.

^[42] John Barzman, Eric Saunier, Migrants dans une ville portuaire : Le Havre (XVI^e-XXI^e siècle), Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2005 ; Jean-François Klein et Bruno Marnot (dir.), Les Européens dans les ports en situation coloniale : XVIe-XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018. Voir aussi l’actuel projet MARCOMO (MARines marchandes au COeur des MOndialisations) porté par l’université du Havre dans le cadre des Réseaux d’Intérêts Normands – Tremplin.

[43] Voir par exemple : Patrick Simon, “Les quartiers d’immigration : « ports de première entrée » ou espaces de sédentarisation ? L’exemple de Belleville”, Espace, populations, sociétés, 11/2, 1993, p. 379-380.

^[44] Olivier Clochard, Yvan Gastaut, Ralph Schor, « Les camps d’étrangers depuis 1938 : continuité et adaptations », Revue européenne des migrations internationales, n° 20, vol. 2, 2004, p. 57‑87 ; Nicolas Fischer, Le territoire de l’expulsion : La rétention administrative des étrangers et l’État de droit en France, ENS Éditions, 2017.

^[45] On peut citer à ce titre les récents travaux sur les aéroports : Shira Havkin, « La réforme des checkpoints israéliens : externalisation, marchandisation et redéploiement de l’Etat », Les Etudes du CERI, n° 174, 2011 ; Morgane Iserte, « Enquête en “zone d’attente réservée” de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle : vers une gestion sécuritaire des “flux migratoires” », Cultures & Conflits, n° 71, 2008, p. 31‑53.

^[46] Marianne Amar, Aline Angoustures, Dzovinar Kevonian et Anouche Kunth, Entre décolonisation et guerre froide : administrer l’asile 1960-1990, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024.

^[47] Jennifer Anne Boittin, Colonial Metropolis: The Urban Grounds of Anti-Imperialism and Feminism in Interwar Paris, Lincoln and London, University of Nebraska Press, 2010 ; Mary Dewhurst Lewis, The Boundaries of the Republic: Migrant Rights and the Limits of Universalism in France, Redwood City, Stanford University Press, 2007 ; Tyler Stovall, « From Red Belt to Black Belt: Race, Class, and Urban Marginality in Twentieth-Century Paris », L’Esprit Créateur, n° 41, vol. 3, 2001, p. 9‑23.

^[48] Voir notamment Abdelmalek Sayad, « Aux origines de l’émigration kabyle ou montagnarde », Hommes & Migrations, n° 1179, 1994, p. 6‑11.

Entrer et sortir de la métropole (post)coloniale

Programme du séminaire

Entrer et sortir de la métropole (post)coloniale : cadrage historiographique